Ce qui nous permet d'avancer (1)

Ce qui nous permet d'avancer (1)

Le soleil tapait haut dans le ciel. Les nuages étaient bleus. L'herbe était verte. Et les oiseaux chantaient. La nature était heureuse. Tout resplendissait.
Pourtant, malgré tout cela, une larme coulait sur mon visage. Mon beau-père nous a encore frappés. Moi et ma sœur, moi et ma sœur jumelle. Depuis que maman est morte. Depuis que maman est morte de chagrin à cause de ce monstre, sous les coups, et les bleus, elle a succombé. Depuis ce passé tragique, ce monstre ne fait que rentrer tard le soir, mort d'ivresse. Squattant la maison, comme s'il était chez lui. Nous crie toujours dessus, et nous accuse tous les jours de la mort de notre chère maman. Il nous hurle dessus, disant qu'elle nous donnait trop à manger, sans se nourrir elle-même suffisament. Pourquoi la vie est si cruelle ? Pourquoi, à cause de personnes comme ce monstre, on est obligé, nous, de revenir après l'école ayant une boule au ventre. Il nous traumatise. Il est cruel. Il utilise son argent que pour acheter des bières. Moi et ma sœur, nous n'avons nul part où aller. Nous vivons avec le peu d'argent que maman nous avait laissé. On ne le dit pas à cet homme qui vit sous notre toit, car il va tout dépenser pour lui-même. Ma sœur dit, que s'il est toujours en colère contre nous, c'est parce qu'on est trop intelligent pour lui. Qu'il ne nous comprend pas. Des fois, il m'appelle, et me demande pourquoi je lis des bouquins, comme s'il s'en souciait. Pour lui, les bouquins ne sont que des pages blanches avec des lettres, qui nous renferment sur nous-mêmes. Quand je lui explique quelque chose de compliqué à propos de mes bouquins ou de ce que je sais, il s'énerve et me cogne dessus. Maman nous apprenais toujours de ne pas détester ce que l'on ne comprend pas. Dommage qu'elle ait eu trop peur de lui pour lui apprendre cela. À cause de ce monstre, moi et ma sœur, on est obligé de mettre des pulls trop grands pour nous. Même l'été. Mais on ne se plaint jamais. Ce qui nous fait continuer d'avancer, c'est peut-être de nous dire qu'il y a pire que nous, quelque part dans ce monde. La meilleure personne que je n'ai jamais connue en ce monde, est ma sœur Jenna. Elle a les cheveux noirs, ce qui met ses yeux bleus très clair gris en valeur, je me dis que si l'océan devait avoir une couleur, je pense que ce serait celle de ses yeux. Le seul caractère qui est différent entre nous deux, sont nos yeux. Moi, contrairement à elle, j'ai les yeux verts émeraude. Jenna a une voix absolument magnifique, sa voix est tellement intense, que n'importe qui serait touché au plus profond de son cœur de l'entendre chanter. Quand mon beau-père la frappe, et que je me mets en colère contre lui en l'en empêchant de la ruer de coups, elle vient me voir l'instant d'après où le monstre a fini son travail habituel, avec son sourire le plus sincère, me prend le visage avec ses toutes petites mains en sang et me dis : "tu sais Djalil, nous avons peut-être que 8 ans, mais quand on en aura 10, on partira loin d'ici, main dans la main, et tout ça, ça se finira. Mais pour l'instant, ne te fais pas frapper à ma place, d'accord ?". Notre relation est plus forte que ce monstre, et elle le vaincra. Parce que la force d'une vraie famille, peut tout dévaster sur son chemin. Des fois, je suis content de savoir que j'ai un cœur qui bat fort en mon fort intérieur, qui me permet de placer tous les gens que j'aime, où là-bas, ils sont tous sous ma protection. Jenna, s'occupe toujours de ranger le lieu qui nous permet de dormir chaque soir, elle range tout sur son passage, elle a tellement peur du monstre, qui lui fait nettoyer la maison avec de l'eau gelée, que ses mains sont toutes rouges et bleues quand elle a fini. Quand je lui demande pourquoi elle met tellement de cœur à tout nettoyer, qu'elle me répond : "tu sais, nettoyer les crasses, ça me donne un côté reposant, ça me permet de rendre la vie plus propre." Quand elle dit quelque chose, c'est toujours censé, elle me donne la force de continuer. C'est elle la personne que j'aime le plus en ce monde. Ses paroles sont comme des pinceaux multicolores, elles rendent tout plus beau, et les couleurs jaillissent de partout, ce qui me rend heureux pour un petit instant. On dit souvent que Dieu ne nous donne pas ce que l'on demande, mais de ce dont on a besoin. Je remercie alors Dieu, de m'avoir donné ma soeur.